Quand mon mal de mer rencontre un catamaran solaire

La mer et moi, on n’est pas très copines. C’est vrai que j’aime m’y rafraîchir quand il fait vraiment chaud, mais ma hardiesse s’arrête là. Dès que je pose le pied sur un bateau, je suis malade. Enfin… j’étais.

Ma première expérience de navigation remonte à mon adolescence. Sur le bateau de mon oncle et ma tante, j’ai voulu donner un coup de main pour préparer le repas dans la cabine. Très mauvaise idée : j’ai été malade pendant trois jours. Je ne suis remontée sur un bateau qu’en 2013. Parce que mon amie Carole m’a invitée à la rejoindre une semaine aux Bahamas sur le bateau qu’elle « skippait ». Avec 12 heures de vol dans les pattes, 6 heures de décalage horaire, une nuit en cabine et 3 heures de navigation, je me suis pourtant retrouvée béate devant les paysages magnifiquement sauvages des Iles Exumas. Mais rien à faire, en dépit de la cure de gingembre et de l’auto-suggestion, j’avais toujours le mal de mer.

Et puis en juin 2017, à la faveur de ma rencontre avec Cap’tain Aodrenn, ma route croise également celle de son catamaran électro-solaire.

Mais d’abord, c’est quoi ce truc ?

« Une réplique artisanale d’un catamaran bicoque démontable en bois et résine ! » répond Cap’tain Aodrenn

Démontable, ça veut dire qu’on va devoir le monter pour naviguer ?

« Heu… oui ».

Ben, au boulot alors !

A  ce stade, je me demande lequel de nous deux est le plus fou : moi de le suivre ou lui d’avoir bricolé une telle embarcation. En plus, je découvre tout en même temps : le catamaran, son montage, tout le barda qui va avec. Mais à quoi servent tous ces trucs et machins dont je ne connais pas les noms ? bout, safran, manille, hauban, étais, tribord, bâbord, trampoline, écoutes, drisses, pares-battages… Et en plus il faut apprendre à faire des nœuds avec des cordes : nœud de chaise, nœud de huit…

Une fois le catamaran monté, il faut le mettre à l’eau sur les roues amovibles construites à cet effet. Et c’est toute une histoire, parce qu’il faut en trouver une gratuite : pas question de payer pour quelque chose qui devrait être libre d’accès. Coup de chance pour nous, le responsable d’une école nautique de Hyères est fasciné par notre insolite embarcation et nous laisse accéder à sa mise à l’eau sans bourse délier.

Et c’est parti pour l’aventure : deux jours en mer autour de Porquerolles ! Là miracle, non seulement le mal de mer a disparu, mais je m’adapte sans difficulté aux conditions rudimentaires à bord. Il n’y a rien du confort auquel je suis habituée, frigo, four, fruits frais, ou extracteur de jus. Je me rabats sur un petit déjeuner constitué des tartines de tapenade au fromage et ça passe. Quelques semaines plus tard, j’embarque dans les mêmes conditions pour une semaine entière avec ma fille aînée de 14 ans et son amie: destination Porquerolles, Port-Cros et l’île du Levant. Grand bonheur dans le vent et les vagues. Même le démâtage en pleine mer n’a pas douché mon enthousiasme !

Avec l’expérience, je m’enhardis. Chaque obstacle franchi vient consolider le champ des possibles et étendre ma zone de confiance. Conquise, je suis prête pour de plus longs voyages.

Prochain épisode : mon bureau sur un radeau

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