Quand un déclic réveille la militante en moi

Durant les années qui ont suivi l’obtention de mon diplôme d’expert-comptable en 2006, j’ai racheté le cabinet où je travaillais, fondé une famille et mes priorités ont changé. Ma volonté avait été cassée par l’accueil que j’avais reçu dans ma profession comme dans mon entourage et j’ai vite réalisé à quel point il était difficile de faire bouger les choses à mon niveau. A mon grand regret, je n’ai pas été en mesure d’assumer l’héritage de mon mémoire dans l’immédiat.

Mais il y a cinq ans, des échanges avec le père de ma fille aînée réveillent ma conscience. Après notre séparation, Éric est parti vivre dans le Limousin. Dans la propriété qu’il rénove avec des matériaux de récupération ou aussi naturels que possible, il composte et cultive en permaculture. Il a également installé dans sa maison des toilettes sèches et un système de phyto épuration qui reçoit l’homologation du SPANC.

Éric partage avec moi ces diverses expérimentations, tout en m’envoyant des tonnes de documentations et de vidéos autour des modes de vie alternatifs, comme celui qu’il pratique au quotidien. Nous échangeons parfois une quinzaine d’e-mails par jour. Et là, il se passe un truc en moi. Jusque-là, j’étais convaincue d’être une marginale, qui à elle seule ne risquait pas de changer grand-chose. Je m’étais résignée et j’avais mis mes convictions en veilleuse. Mais ces échanges avec Éric réveillent non seulement mes convictions, mais déclenchent chez moi une nouvelle envie d’agir. Sauf que cette fois je suis décidée à le faire, non plus à travers la revendication, mais en pratiquant des alternatives positives. Et je suis persuadée que ce sera beaucoup plus efficace.

Au même moment, les réseaux sociaux prennent leur essor et j’y débarque avec ma forte envie d’y faire la révolution. En effectuant des recherches, je tombe à plusieurs reprises sur des articles sur les Incroyables Comestibles. Ce mouvement citoyen né à Todmorden en Angleterre – qui suggère de faire pousser des plantes comestibles dans des bacs dans l’espace public et de les mettre gratuitement à disposition des passants – me séduit immédiatement.

Lorsque j’installe un premier bac devant mon cabinet en mai 2013, je l’ignore encore mais les Incroyables Comestibles vont complètement bouleverser ma vie.