Avec la pose de mon bac devant mon cabinet en mai 2013, j’ai gravi une première montagne, qui était d’oser le passage à l’action. C’était génial parce que je m’étais approprié cette action seule, et que j’avais démontré ce dont j’étais convaincue depuis des années : chacun peut faire quelque chose à son niveau. Pas besoin d’attendre les autres. Mais ensuite, j’ai eu envie de rencontrer d’autres gens pour en parler. Et trois mois plus tard, j’ai décidé de m’attaquer à une autre montagne, en me rendant à une réunion de citoyens. En vrai.
J’ai choisi un rassemblement des Incroyables Comestibles programmé dans le cadre d’une opération de végétalisation éphémère, sur la place de l’hôtel de ville de Paris. Je m’attendais à une organisation super structurée… façon expert-comptable, quoi. Mais en fait, pas du tout. J’ai réalisé que les citoyens engagés s’appuyaient surtout sur leur enthousiasme et organisaient des événements avec les moyens du bord. J’ai compris que je pouvais faire la même chose dans le département où je vivais. Cela m’a complètement décomplexée.
Dans la foulée, j’ai créé un groupe de discussion Incroyables Comestibles Val de Marne sur Facebook, qui compte aujourd’hui plus de 400 membres. A la fin de l’été, j’ai lancé un appel sur le groupe pour réunir ceux que cela intéressait. Une vingtaine de personnes sont venues, en apportant leur cake maison sans gluten ou leur jus de fruits bio. On s’est tous assis par terre. Et là j’ai pris conscience que des personnes partageant mes valeurs existaient réellement et qu’il y avait un espace où cette facette de moi pouvait s’épanouir, se relier à d’autres.
Par le truchement du groupe IC Val de Marne, tout s’est enchaîné. J’ai rencontré d’autres citoyens proches de la commune où j’habitais, participé à un permatelier avec un formateur venu du Québec et les bacs Incroyables Comestibles se sont multipliés dans le département. En février 2014, un des premiers bacs a été planté à Nogent-sur-Marne, à l’heure de pointe du marché un samedi matin. Ce fut l’occasion pour moi d’une nouvelle prise de conscience. En me prenant de bec avec une passante qui m’accusait de vouloir la culpabiliser de manger des fraises en hiver, j’ai réalisé que mon discours était encore trop militant, agressif et négatif. Après cet épisode, j’ai totalement basculé dans l’action positive.
En quatre ans, les IC m’ont permis de faire de la sensibilisation citoyenne en tenant des stands dans des événements du Val de Marne, d’animer une conférence au salon Marjolaine, un jeu au festival OuiShare, d’organiser des ateliers de construction de bacs en palettes, d’être interviewée pour une vidéo et même de participer à des émissions de radio sur France bleu et Notre Dame. Aujourd’hui, le groupe Incroyable Comestibles Val de Marne tourne tout seul et c’est très bien, parce qu’il y a six mois, je me suis lancée dans une nouvelle aventure. Pour aller encore plus loin.
Les Incroyables Comestibles Val de Marne : la vidéo réalisée par Thibault de Maillard en 2014