J’ai plus de 40 ans et je vis en coloc… par choix

La colocation, c’est supposé être un truc pour des jeunes fauchés.

Mais moi, je n’aime pas faire les choses par nécessité. Quand j’étais étudiante, je vivais seule. Je me suis mise en coloc à plus de 40 ans. Par choix.

J’ai sauté le pas en 2014, parce que j’avais envie d’habiter dans une maison et Eric, le père de ma fille aînée, aussi. Plutôt que de se prendre chacun un appartement, on a loué une grande baraque au Perreux-sur-Marne, avec un bout de jardin pour cultiver. Au départ, il n’y avait que de l’herbe, alors on a laissé le terrain vivre. On l’a observé. La deuxième année, on a créé des buttes, façon permaculture. On a recouvert le sol avec tout ce qu’on pouvait recycler, les branches et autres déchets verts du voisinage… jusqu’à la litière du chat. On avait même installé un composteur sous la fenêtre de la cuisine, afin d’y jeter les biodéchets directement par la fenêtre !

Les voisins observaient

Deux ans plus tard, ce terrain sur lequel on nous avait juré que rien ne poussait jamais, était devenu une vraie jungle. Même si les limaces ont tapé dans nos récoltes, ce qui comptait était la vie qu’on a apporté sur ces 100m2. Sous toutes ces formes. De la plante à l’humain, avec notamment l’organisation d’ateliers de construction de bacs en palettes de récupération pour les Incroyables Comestibles. Au début, les voisins ont râlé à cause du bruit, mais dès qu’ils ont compris la cause qu’on défendait, leur attitude a changé. Ils nous observaient, nous et notre drôle de parcelle verdoyante, avec beaucoup de curiosité. Une voisine que j’ai rencontrée à une réunion de ma banque m’a même avoué qu’elle le scrutait depuis un moment, parce qu’on sentait qu’il « se passait quelque chose dans ce jardin ».

A l’intérieur comme à l’extérieur, la colocation a bien fonctionné. Au bout d’un an, on a mis l’une de nos chambres sur AirbnB. Certains voyageurs sont restés jusqu’à six mois, partageant régulièrement nos apéros. On a découvert d’autres cultures, cohabité avec des invités qui ne parlaient pas un mot de français. Et pour mes enfants il y avait une dimension éducative dans l’adaptation et l’apprentissage du respect de l’autre. J’ai parfois même échangé la location de la chambre contre des services de garde des enfants.

Une autre coloc, plus intimiste

Notre petite communauté a prospéré pendant trois ans avant de devenir complexe à gérer, parce que nous étions très nombreux. Depuis quelques mois, j’ai initié une autre colocation, plus intimiste. J’habite dans un appartement avec ma fille aînée et Christèle, une autre quarantenaire qui faisait partie de ma coloc précédente et avec laquelle je m’entends super bien. C’est une autre aventure, nous partageons les responsabilités à trois et nous dépannons mutuellement. Je sais que c’est provisoire, parce que Christèle a un projet d’aller vivre en communauté en province. Quant à moi, si j’ai troqué mon jardin pour notre grand balcon, je lorgne depuis un moment du côté des écovillages. Avec toujours un même dénominateur : la communauté. Ensemble, c’est mieux.

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